Stimulation cérébrale profonde

Ce qu’il faut savoir

La stimulation cérébrale profonde (SCP) consiste à implanter des électrodes au cœur du cerveau afin d’y délivrer un courant électrique de haute fréquence et de faible intensité.

Cette stimulation électrique va moduler le fonctionnement de réseaux de neurones dont l’activité est altérée par la maladie.

La maladie de Parkinson constitue l’indication la plus courante de cette technique neurochirurgicale.

Indications

Depuis sa mise au point en France à la fin des années 80, de nombreuses études ont démontré l’efficacité et la bonne tolérance de la stimulation cérébrale profonde. Elle est aujourd’hui utilisée dans différentes indications.

Maladie de Parkinson

Il s’agit de l’indication la plus courante de la stimulation cérébrale profonde. La technique ne permet pas de guérir la maladie, mais elle en réduit les symptômes moteurs dits « dopa-sensibles » (tremblements, raideur, lenteur) tout en diminuant les traitements médicamenteux.

Cette technique neurochirurgicale ne s’adresse cependant pas à tous les malades. Pour en bénéficier, vous devez répondre à des critères bien définis :

  • Etre diagnostiqué selon les critères internationaux de la maladie de Parkinson ;
  • Avoir une maladie évolutive depuis plus de 5 ans, pour limiter le risque d’erreur diagnostique vis-à-vis des autres syndromes parkinsoniens pour lesquels la stimulation est au contraire contre-indiquée (atrophie multisystématisée notamment) ;
  • Avoir moins de 70 ans (mais l’âge physiologique est principalement pris en considération) ;
  • Présenter un syndrome parkinsonien dopasensible avec une amélioration d’au moins 50 % du score moteur de l’échelle MDS-UPDRS (Movement Disorder – Unified Parkinson’s Disease Rating Scale) lors d’un test pharmacologique à la Lévodopa, car une réponse dopaminergique significative est prédictive de la réponse à la stimulation ;
  • Avoir un état général satisfaisant (absence de maladie générale évolutive, cardiaque, pulmonaire, rénale, hématologique ou cancéreuse, d’un diabète non stabilisé) ;
  • Ne pas présenter de troubles cognitifs et psychiatriques importants.

Une IRM encéphalique permet d’éliminer une cause lésionnelle et des lésions vasculaires, de détecter des anomalies pouvant orienter vers un syndrome parkinsonien atypique et d’évaluer l’atrophie corticale afin de limiter le risque de complication chirurgicale.

Votre contexte social et personnel est également pris en considération dans la décision finale.

Au final, seuls 10 à 15 % des patients parkinsoniens sont concernés par cette procédure, principalement ceux présentant une maladie de Parkinson invalidante. Ce caractère invalidant peut être lié soit à la persistance d’un grand tremblement non contrôlé par un traitement médicamenteux bien conduit, soit à la présence de complications motrices de la dopathérapie (fluctuations et dyskinésies).

A noter que de récents travaux préconisent de proposer cette chirurgie à des sujets jeunes, en activité, dont le handicap moteur est moindre, afin de limiter le risque de retentissement socioprofessionnel péjoratif lorsque la maladie évolue, mais également des sujets développant des effets secondaires psychocomportementaux des traitements dopaminergiques. On parle alors de stimulation précoce.

Tremblement essentiel chronique

Cette maladie neurologique génétique constitue la plus fréquente des mouvements anormaux, avec 1 personne sur 200 touchées, sans distinction de sexe. Elle peut apparaître dès l’enfance et s’aggrave avec le temps, entrainant un véritable handicap pour tous les gestes simples de la vie quotidienne.

Actuellement, on ne sait pas guérir le tremblement essentiel ni enrayer son évolution, mais des traitements permettent de soulager partiellement les symptômes, et ainsi d’améliorer la qualité de vie. Ils sont cependant souvent décevants et grevés d’effets secondaires sédatifs.

Si vous présentez une grande amplitude de mouvements anormaux (> 1 cm d’excursion), une stimulation cérébrale profonde pourra vous être proposée. Elle s’avère très efficace dans cette indication.

Dystonie

La dystonie résulte de co-contractions musculaires agonistes, antagonistes et synergiques, soutenues, brèves ou durables, engendrant des postures anormales et des mouvements répétitifs (tremblement, myoclonies, athétose,…).

Elle peut être d’origine génétique monogénique (dystonie pure ou mixte), idiopatique, post-traumatique, périphérique (lésion neurogène, CRPS), postanoxique, postencéphalitique, post-AVC (tardives).

On distingue plusieurs variantes :

  • Focales (blépharospasme, torticolis spasmodique, crampe d’écrivain, dysphonie spasmodique), segmentaire (membre, tronc, céphalique : syndrome de Meige), multifocale, hémidystonie ou généralisée ;
  • Permanente, paroxystique ;
  • Pures ou mixtes : dystonie myoclonique, spastique, ataxique…

La maladie présente des spécificités :

  • Un geste antagoniste (qui arrête les symptômes) ;
  • Une spécificité de contexte (d’action : musicien, golfeu, de posture) ;
  • Un overflow (diffusion le long d’un membre).

Les formes focales ou généralisées résistantes peuvent bien répondre à la stimulation cérébrale profonde pallidale (du pallidus interne).

D’autres indications en cours d’étude

En recherche clinique, la SCP est testée pour d’autres pathologies : la dépression sévère résistant aux traitements, la maladie Gilles de la Tourette, les troubles obsessionnels compulsifs sévères (TOCs), l’anorexie mentale, certaines formes d’épilepsie pharmaco-résistantes, l’algie vasculaire de la face, etc.  

Une décision pluridisciplinaire pour différentes zones cibles

Vous serez sélectionné au terme d’un bilan préopératoire exhaustif réalisé par une équipe pluridisciplinaire (neurochirurgiens, neurologues, neuroradiologues, neuropsychologues, neurophysiologistes, psychiatres, …). Il comprend un bilan moteur, un bilan neuro-cognitif, une IRM encéphalique, une consultation de psychiatrie, une recherche de foyers infectieux.

Selon la pathologie, les signes cliniques, votre état général, les électrodes sont implantées dans des zones cérébrales spécifiques : noyau sous-thalamique (NST), globus pallidus interne, thalamus. Ces zones sont définies de façon collégiale par l’équipe pluridisciplinaire.