En pré-opératoire
Avant l’opération, différentes consultations sont systématiquement programmées :
- Une consultation pré-chirurgicale : examen clinique, date opératoire, décision de l’emplacement de la pompe ;
- Une consultation d’anesthésie ;
- Une séance d’ETP (éducation thérapeutique) pré-opératoire.
Déroulement de l’intervention
L’hospitalisation dure une semaine. L’entrée se fait la veille de l’intervention, en service Oncologie.
L’intervention se déroule sous anesthésie générale, sous repérage radioscopique. Elle dure environ 1h30.
Le chirurgien ponctionne la région lombaire et place le cathéter dans l’espace sous-arachnoïdien. L’écoulement de liquide céphalo-spinal (LCS) confirmera la bonne position du cathéter. Celui-ci est alors avancé en direction de votre crâne jusqu’à la position souhaitée (thoracique ou cervicale), en fonction de la localisation de vos douleurs. Une incision est réalisée dans la région abdominale pour préparer la loge qui recevra la pompe, ainsi qu’une tunnelisation pour le passage du cathéter. Au niveau lombaire, les deux cathéters sont connectés grâce à un dispositif sous-cutané. Au niveau abdominal, le cathéter est relié à la pompe qui sera hissée dans la logette sous-cutanée confectionnée en dessous de l’incision.
Activation de la pompe
La pompe est remplie avec un mélange de 3 produits antalgiques (Morphine, Ropivaïne et Prialt) préparé par la pharmacie dans une seringue pré-remplie et transmise au bloc opératoire. La concentration et le volume ont été soigneusement déterminés en fonction des besoins estimés. Si nécessaire, la concentration des produits pourra être modifiée lors d’un remplissage ultérieur.
En fin d’intervention, la pompe est activée et dès la demi-heure qui suit, le mélange arrive à une dose « normalement efficace » dans le liquide céphalo-rachidien. Dès lors, vous devrez ressentir un soulagement.
Suivi post-opératoire
Le suivi postopératoire se fait pour les 24 à 72 premières heures en soins continus puis 72 h au minimum en oncologie jusqu’à stabilisation des doses d’antalgiques, avant une sortie à J7 dans votre hôpital d’origine ou à domicile.
Le suivi en salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI)
Vous resterez en SSPI une ou deux nuits pour surveillance lors des premières titrations. Différents paramètres sont contrôlés :
- Tension artérielle, saturation, pouls ;
- Température ;
- Evaluation de la douleur (échelle EN ou EVA) ;
- Bilan neurologique complet : Glasgow, pupilles, bilan moteur et sensitif des 4 membres ;
- Contrôle du point de ponction et localisation de la chambre implantable ;
- Globe vésical (Bladder Scan).
Vous devrez rester alité pendant 24 à 48 h. Les zones de mise en place du cathéter et de la pompe resteront sensibles pendant quelques temps.
Une radiographie de l’ensemble du matériel implanté est réalisée à J2.
Contrôle du traitement intrathécal
Dès le retour en SSPI, le médecin contrôle l’efficacité du traitement intrathécal plusieurs fois par jour grâce au programmateur, et en modifie les paramètres afin de l’optimiser en fonction de votre ressenti et/ou des effets secondaires éventuels. La posologie est augmentée progressivement, jusqu’à atteindre la dose thérapeutique nécessaire pour vous soulager.
De son côté, votre IDE référente joue un rôle clef :
- Elle prend en charge votre éducation thérapeutique quant à l’utilisation de la télécommande ;
- Evalue votre douleur, votre état neurologique ;
- Est habilitée, sous contrôle médical, à interroger la pompe intrathécale pour le suivi (nombre de bolus utilisés, volume réservoir…) et la transmission d’informations, aux personnels soignants et au médecin référent.
Le retour en chambre
Dès votre retour en chambre, vous pouvez bouger, seul ou accompagné selon votre état clinique.
Cependant, il est recommandé de limiter les activités physiques pendant quelques semaines, le temps de la cicatrisation. Le dispositif intrathécal étant entièrement implanté, les pansements sont simples : dos + abdomen.
La sortie
Votre oncologue référent réajuste votre traitement habituel, en tenant compte de la thérapie intrathécale en cours.
L’IDE met en place votre programme d’éducation thérapeutique. Elle évalue, au moins quotidiennement, votre douleur et votre état neurologique et la survenue d’éventuels effets secondaires. Elle s’entretient avec vous durant votre séjour à l’hôpital, puis téléphoniquement après votre sortie), afin de détecter vos besoins biologiques, psychologiques, socio-familiaux et mettre en place les ressources nécessaires à une prise en charge individuelle de qualité.
La première consultation post-opératoire obligatoire, permettant de vérifier l’évolution de la cicatrisation, est jumelée à un rendez-vous de remplissage afin de limiter les déplacements.
Remplissage de la pompe
Le réservoir de la pompe se vide au fur et à mesure de l’administration du traitement et des bolus. Un système d’alarme vous indique qu’elle nécessite d’être vérifiée et/ou remplie par le médecin. La fréquence des visites de remplissage est variable en fonction des doses administrées.
L’équipe soignant (grâce au programmateur) et vous-même (grâce à la télécommande) connaissent la date d’alarme du réservoir. Vous serez informé du rendez-vous pour son remplissage au radio-bloc de l’hôpital Foch. Cet acte ne nécessite aucune préparation, ni d’être à jeun. Si vous êtes sensible ou douloureux sur le site de prélèvement/injection, un patch d’Emla peut être appliqué. Le remplissage se fait dans un environnement dédié avec une asepsie rigoureuse.
Durant cette séance, la pompe sera complètement vidée et remplie avec le nouveau mélange, au moyen d’une aiguille de Huber insérée dans la pompe, au travers de la peau dans le septum central.
Dans le cadre des douleurs cancéreuses, les remplissages sont en moyenne espacés de 7 à 15 jours mais dans tous les cas, l’intervalle entre deux remplissages ne peut excéder trois semaines, compte tenu de la stabilité clinique des produits. Il est impératif de respecter scrupuleusement les visites de suivi afin de permettre les remplissages de la pompe, de vérifier son bon fonctionnement et d’ajuster les doses administrées pour lutter au mieux contre la douleur.
La pompe doit toujours contenir un niveau minimal d’antalgiques afin d’éviter son dysfonctionnement, voire son arrêt.
Suivi du patient
Un suivi hebdomadaire est réalisé par l’IDE, par téléphone. Ce suivi a pour but de renseigner sur :
- Votre état général (physique et psychologique) ;
- L’évolution de votre maladie ;
- L’efficacité de la thérapie sur la douleur (dose de traitement continu, nombre de bolus, efficacité bolus) ;
- L’apparition ou la persistance d’éventuels effets secondaires ;
- De nouvelles informations médicales (résultats examens sanguins ou d’imagerie, comptes rendus de consultation (oncologique), modification de traitement habituel (non-intrathécal) ;
- La survenue d’événements éventuels pouvant vous affecter (chute, maladie ou décès d’un proche, …).
Parallèlement, vous êtes informé de la date/heure/lieu de son remplissage.
Risques et complications
On distingue deux grands types de risque avec la pose d’une pompe intrathécale : des risques liés aux produits délivrés, et des risques liés à la pose du matériel (cathéter et pompe).
Risques liés aux produits
Une toxicité médicamenteuse locale ou systémique et des effets secondaires connexes sont possibles.
Formation d’une masse inflammatoire à l’extrémité du cathéter implanté, tout particulièrement chez les patients sous morphine intrathécale ou autres opiacés.
En fonction de la cause, les effets secondaires seront différents :
- Des doses élevées d’anesthésiques locaux (AL) : hypotension artérielle, déficits sensitivo-moteurs.
- Un surdosage en morphine : dépression respiratoire jusqu’à 24h après l’injection de morphine dans le liquide céphalo-rachidien, somnolence, rétention urinaire, nausées et vomissements, prurit, constipation.
- Un sous-dosage : douleur et agitation.
- Un surdosage en zicotonide : rares troubles cognitifs, hallucinations ou désorientation temporo-spatiale, car les doses initialement utilisées sont très faibles.
Risques liés au cathéter et la pompe
L’implantation d’un système d’infusion pour une administration intrathécale comporte les mêmes risques que d’autres procédures rachidiennes. Outre ces risques, les effets indésirables suivants peuvent survenir :
En postopératoire immédiat :
- Infections ;
- Hématome médullaire ;
- Hématome de paroi.
En postopératoire à distance :
- Sérome, hématome, érosion ou infection de la poche ;
- Infection ;
- Retournement de la pompe ;
- Risques en lien avec la ponction lombaire (céphalées), problèmes de fuite de LCR et d’accumulation sous-cutanée de LCR, rares problèmes liés à la pression du système nerveux central (SNC), une radiculite, une arachnoïdite, une hémorragie, des lésions de la moelle épinière ou une méningite ;
- Masse inflammatoire pouvant provoquer des lésions neurologiques, notamment une paralysie ;
- Réaction allergique ou réponse immunitaire aux matériaux implantés.
Questions patients
La pompe intrathécale est-elle vraiment efficace pour soulager les douleurs cancéreuses ?
Toutes les études* rapportent des résultats positifs avec une diminution des scores de douleurs.
- 4 études sur 13 montrent une amélioration de la qualité de vie
- 4 études sur 13 montrent une amélioration fonctionnelle
- 8 études sur 13 montrent une diminution des traitements systémiques
- 2 études sur 13 montrent une diminution du nombre de consultation
Les études révèlent également une amélioration du sommeil, de l’humeur. Les essais cliniques répertoriés ces dernières années amènent à des conclusions similaires en termes d’efficacité, de réduction de la symptomatologie et de l’amélioration de la qualité de vie étroitement liées à la diminution des effets secondaires des traitements antalgiques.
*SFAR/SFETD – chiffres 2015 de la ligue contre le cancer. Techniques analgésiques locorégionales et douleurs chroniques
Quand la pompe doit-elle être changée ?
La pompe fonctionne grâce à une pile d’une durée de vie moyenne de 3 à 4 ans, en fonction de la fréquence des remplissages : plus les remplissages se répètent, plus la durée de vie de la pompe diminue. Le changement de pompe se déroule sous anesthésie générale. Sans toucher au cathéter en place, le chirurgien reprend l’ancienne cicatrice de la loge de la pompe, déconnecte l’extrémité distale du cathéter, insère la nouvelle pompe, reconnecte le cathéter et suture la cicatrice.
Faut-il prendre certaines précautions avec le port d’une pompe intrathécale ?
Il existe en effet certaines contre-indications formelles :
- Utilisation de matériel de soudure à l’arc ;
- Passage sous les portiques d’aéroport ;
- Utilisation d’aimants ;
- La pratique de sports de combat ;
- Les activités de loisirs extrêmes (manèges à sensations fortes, deltaplane, parapente, saut en parachute/élastique) ;
- L’exposition du matériel aux fortes chaleurs (hammam, jacuzzi, sauna, bains bouillonnants, UV).